Le parc de la Pendjari au Benin

Publié le par Romain

La reserve naturelle de la Pendjari au Benin – 14 au 17 Avril 2006

 Au Nigeria, le vendredi Saint est férié et le lundi de pâques aussi, ça faisait donc un WE de 4 jours. Avec Nicolas, un copain d’HMG en VIE à Port-Harcourt (ville principale du delta du Niger, dans la zone pétrolière) et d’autres français de Lagos, on a donc profité de ce grand WE pour partir au Benin.

 

 Nous voilà donc partis à 8 en direction du Parc de la Pendjari, réserve naturelle au nord du Benin, à la frontière avec le Burkina-Faso. Un long trajet nous attend pour traverser tout le Benin du Sud au Nord, près de 800km. Nous partons donc tôt de Lagos pour éviter les gros embouteillages, mais au bout d’une heure de route Anthony nous téléphone depuis la deuxième voiture : « Euh… il y a un problème, j’ai oublie mon passeport… » Déjà qu’on prévoyait que le passage de la frontière allait être long car Nicolas n’avait pas de Visa pour le Benin et devait l’acheter sur place, mais là sans passeport c’est impossible. Pas question de faire demi-tour non plus, on perdrait au moins 4h dans les embouteillages !! Finalement Cédric appelle son cuisinier pour lui demander de nous rejoindre à la frontière en Okada après avoir récupérer le passeport d’Anthony qui se trouvait chez lui… Il y a vraiment des luxes qu’on ne peut s’offrir qu’en Afrique et je suis perplexe en pensant au cuisinier qui va devoir se taper 3h de moto-taxi pour nous amener un passeport (contre une semaine de salaire, tout de même), en tout cas ça nous a bien rendu service !!

 

 Le passage de la frontière est très long, on mettra plus de 2h (!) pour obtenir tous les visas, tampons, papiers de la voiture, etc. Bizarrement, la douane nigériane est plutôt rapide, c’est le coté Béninois qui coince un peu. En faisant la queue, on remarque rapidement que tous les nigérians glissent, par habitude, un billet dans leur passeport pour passer plus vite... Et apparemment, les béninois ont eu vite fait d’adopter les coutumes de leurs voisins, si bien que tant qu’on ne met pas de billets, les passeports restent sur le coté du bureau. Mais bien décidés à ne pas céder à la corruption (pourtant ce n’est que quelques centimes d’euros, mais c’est pour le principe !) et à force de patience on arrive à passer ; même Nico qui a donc acheté son visa sur place (là aussi après moult négociations…). On repart donc en direction de Cotonou où Anthony nous rejoint peut après pour déjeuner, après avoir récupérer son passeport et passer la douane (très rapide pour lui car il a un passeport diplomatique). Donc maintenant, c’est bon, les problèmes sont réglés ! Enfin… outre le fait que je ne me souviens plus de mon code de carte bleue (bah oui, on s’en sert jamais au Nigeria à cause des fraudes) et que Nico ne peut pas retirer de CFA non plus car seules les Visa sont acceptées ; mais bon les autres retirent pour nous. On part de Cotonou vers 14h30, soit 7h après notre départ de Lagos ; on a fait environ 100 km…

  Je suis vraiment surpris par l’état des routes au Benin, il est très bon, de larges artères bien bitumées avec même des lampadaires ! Et ce n’est pas qu’à Cotonou, ville côtière importante, c’est pareil tout au long de notre trajet ! Quand on compare au Nigeria, beaucoup plus riche pourtant, qui a des routes déplorables, on se dit qu’il y a vraiment des choses à changer au niveau politique… En revanche, le Benin est régulièrement en pénurie d’essence et on a pu le constater sur les routes : 2 pompes sur 3 n’en ont pas, mais on avait emporte des gros jerricans en prévisions donc on avait toujours une réserve à notre disposition au cas où. Il faut dire que le Nigeria n’a pas de raffinerie, il ne vend que du pétrole brut, le Benin est donc obligé d’importer son essence d’Arabie Saoudite par exemple, mais en parallèle le trafic d’essence, importée du Nigeria et vendue au marché noir, est très important. Partout au bord des routes des récipients d’essence, d’une qualité un peu douteuse, sont vendus à la vue de tout le monde d’ailleurs…

 Toujours est-il qu’avec notre essence, les belles routes du Benin et le peu de circulation qu’il y a, on file maintenant vers le nord. Les paysages qui s’offrent à nous sont de vastes étendues d’arbustes et de palmiers, avec quelques villages de-ci de-là, le Benin est plus rural et 2 fois moins dense que le Nigeria. C’est un pays plus pauvre aussi, les principales richesses sont le coton et le tourisme ; les villages sont seulement quelques huttes en terre séchée entourées de quelques cultures et de chèvres naines. Partout où on passe les gens ont le sourire et nous saluent, les enfants sont comme toujours les plus enthousiastes. Sur les routes, on croise très peu de voitures, seulement quelques camions, des vélos et des motos.

 

 

 

 Nous rattrapons bien le temps perdu à la frontière et finalement on arrive a Djougou a la tombée de la nuit. C’est une ville assez importante du Benin, le 3eme carrefour commercial du pays et pourtant la route goudronnée que nous avons empruntés ne date que de 3 ans, avant c’était la piste sur les 250km de Dassa à Djougou. Nous passons la nuit dans une auberge tenue par une française, bientôt a la retraite. Elle est arrivée au Benin il y a 5 ans, a d’abord travaillé dans l’hôpital de la ville avant de monter sa propre auberge au bord du lac, à l’entrée de la ville.

 

 Le lendemain, après un réveil assez matinal avec une jolie lumière sur le lac, on décide de repartir sans tarder pour arriver au parc le plus tôt possible. Mais en s’arrêtant prendre de l’essence Djougou, on crève un pneu sur la voiture d’Anthony ! Les gens qui nous l’ont fait remarquer, nous proposent de le réparer, on accepte car même si on a une roue de secours il faut mieux garder un pneu de rechange disponible. On trouve un clou dans le pneu, on assiste ensuite à une réparation de pneu artisanale avec des moyens très limités ! Ça consiste en gros à faire fondre du caoutchouc et du plastique (trouvé par terre..) dans le pneu.

 

Au début, on est un peu sceptique sur la qualité de la réparation donc on préfère continuer à rouler avec la roue de secours mais on verra plus tard que la réparation tient le coup ! Une telle réparation sans rendez-vous, en 40 min et pour quelques euros… ça ferait une sacrée concurrence à Speedy et Feuvert! J

 

 

 

 

 En continuant la route vers la Pendjari, on s’arrête à Natitingou où il y a de l’animation : C’est une manifestation, mais pas pour râler comme en France, pour dire qu’on est content !! La bannière a l’avant du cortège annonce « les femmes de Natitingou soutiennent le président ! » ou quelque chose comme ça, je me souviens plus exactement. Toujours est-il qu’elles fêtent donc la toute nouvelle élection (il y a une semaine) du nouveau président du Benin. Le défilé dansant est animé aux sons des percussions et des chants, et les costumes sont très colorés ! Beaucoup de femmes portent un bébé derrière leur dos (comme partout en Afrique) et j’en remarque même un qui, malgré tout ce bruit et la danse de sa mère, arrive à dormir collé dans son dos ! J

  Ensuite on continue notre chemin jusqu'à Tanguieta où là, la route devient piste, il reste encore près de 120km jusqu'à l’hôtel… c’est la 306 d’Anthony qui va souffrir ! On avance sur une terre ocre, dans un air bien chaud et assez sec, on dépasse encore plusieurs petits villages de huttes en terre, avec toujours les mêmes chèvres et tous les enfants, et au bout de 40km c’est l’entrée du parc. On prend un guide et c’est parti pour les derniers km, on a un peu peur pour la 306 mais de toute façon on n’a pas trop le choix…

 Avril et Mai sont les meilleurs mois pour observer les animaux car c’est la fin de la saison sèche, l’eau ne se trouve que dans les principaux points d’eau et les animaux doivent y aller souvent. Au milieu du Parc, on s’arrête à la Mare sacrée, point d’eau important et nous ne sommes pas déçus, nous pouvons admirer babouins, antilopes, et autres animaux se désaltérer.

 Apres avoir mangé au campement, et profité d’une bonne douche et même de la piscine !on repart tous dans le 4x4, une partie a l’intérieur, les autres dans le bac a l'arriere pour un petit tour dans la réserve avant le coucher de soleil. C’est vraiment très beau, la savane et ses couleurs fauves et vertes, en plus il y a encore peu de touristes. On rencontre donc des phacochères, des hippopotames, des buffles, différentes sortes d’antilopes ; il faut arriver à les repérer assez tôt pour pouvoir ralentir la voiture pour ne pas trop les effrayer, et l’œil habitué de notre guide nous aide bien pour ça (si je dis l’œil, c’est pas par effet de style, c’est qu’il en a qu’un le pauvre). Finalement après près de 3 heures de déambulations dans le parc et moult séances  photos, la nuit tombe. Le lendemain rebelote, lever 6h pour aller traquer le lion et l’éléphant ! J Et coup de chance, à quelques kms du camp, on tombe sur 3 lionnes ! Pas facile de les remarquer avec leur couleur fauve, allongées dans les hautes herbes, et pourtant elles étaient juste au bord de la route mais on a pu ralentir qu’au dernier moment et on les a un peu effrayé. On recroise aussi à peu près les mêmes compagnons que la veille mais aussi des éléphants !

 Sur le chemin du retour, après avoir récupérer la 306 a l’hôtel, on assiste aussi a l’arrivée d’un troupeau entier de buffles venant boire et plus loin une famille éléphants traversent la route derrière nous, bref le séjour dans ce parc se termine par de beaux spectacles ! C’est National Geographic en grandeur nature…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Ensuite la route du retour nous attend, pour la partie en piste nous prenons un autostoppeur, un instituteur d’une ville voisine qui nous explique qu’il rendait visite à sa famille ici, au village à l’entrée du parc, le village ou il a grandit : toujours les mêmes huttes en terres. Il nous montre l’école ou il est allé : un petit bâtiment en brique posé au milieu de la savane... Je reste dubitatif, c’est sur que comme cour de récré c’est pas mal, mais pour faire tenir tous les enfants du village dedans, ça doit pas être des classes de 20 élèves… Je le bombarde de questions : tous les enfants vont à l’école ? À partir de quel âge ? Tous les jours ? Qui paye les instituteurs ?... Je ne sais pas pourquoi, mais ca me fait plaisir de savoir que même ici au fin fond du nord du Benin, au milieu des éléphants et des buffles, les enfants ont quand même l’opportunité d’aller à l’école. Bien sur la réalité n’est pas si rose, les travaux agricoles doivent primés sur les cours et le matériel scolaire doit être très réduit mais le parcours de l’instituteur le montre : les enfants peuvent au moins apprendre le minimum pour se diriger vers un certificat d’étude ou un bac.

  Apres avoir déposé notre instituteur, nous continuons jusqu'à Djougou, pour prendre de l’essence à la même station essence qu’à l’aller et là : on recrève ! au même endroit, le même voiture, la même roue, 24h après, encore un clou !! toujours à coté de nos compères mécaniciens… ca fait un peu louche tout de même… mais que faire, sinon changer de pneu et refaire réparer la roue. Rebelote donc et maintenant nous sommes obligés de rouler avec un pneu réparé à la béninoise !

 A la tombée de la nuit, comme on roulait toujours, un éNORme orage éclate : plus d’un éclair par seconde ! Très impressionnant ! Mais heureusement notre étape, Dassa,  n’est plus qu’à 30km et quand on arrive il ne pleut déjà plus. Dans notre hôtel, la douche se prend au seau, le gérant nous explique que la pression n’est pas assez forte pour aller jusqu’à l’étage. Le lendemain, après un pti-dej au jus de baobab (goût assez déconcertant, pas mauvais mais pas très bon non plus :-) on repart en direction de Cotonou. Il nous reste un peu de temps avant de nous diriger vers la frontière, on décide d’aller manger du poisson au bord de la plage, sur la route des pêches, une piste, très jolie, qui longe le littoral entre mer, cocotiers et paillotes. La plage est très agréable, grande et propre, l’eau bien chaude comme partout ici et le poisson très bon : parfait pour prendre des forces avant la frontière !

Le petit problème pour passer la frontière, c’est Nico : son Visa nigérian ne lui permet pas de re-rentrer dans le pays une fois qu’il en est sorti. Or il a un avion pour la France ce soir, à partir de Lagos donc on a pas trop envie de perdre du temps à discuter et négocier le prix pour re-rentrer : il passera dans le coffre de la voiture. Ah évidemment le temps de passer tous les tampons des douanes etc, il doit faire chaud dans le coffre de la voiture garée sur le parking en plein soleil !! mais c’est bon on lui a donné un portable et une bouteille d’eau ! Finalement au bout de 40 min, Nico ressort du coffre, trempé, dégoulinant de sueur, mais au Nigeria ! Apres il reste plus qu’un petit retour vers Lagos, à slalomer dans les go-slow entre danfos et nids de poule, bref Lagos quoi…

 

 

 

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E
mon dieu l'aventure avec ce nico mdr,qu'est ce que j'aurais pas donné pour voir ça^^,des sacrés souvenirs j'imagine...
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